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Instinct Nomade

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10 août 2009

Bienvenue!


Bonjour et bienvenue à tous sur le blog Instinct Nomade!!


A 22 et 24 ans, études en poches, nous avons épaulés nos sacs à dos et enfilés nos godillos pour se frotter aux reliefs de notre continent et répondre à chaque sourire de ses habitants.
 
En août 2007, nous sommes donc partis réaliser une longue boucle en stop, en transport en commun et à pied, de la France à la Mongolie, de la Russie au Népal, de l'Himalaya indien à l'Iran, du Pakistan à la la Turquie. Pourquoi ne pas avoir pris l'avion? Simplement pour ressentir pleinement les distances parcourues et les différentes mutations culturelles tout au long de ce grand périple sur le continent eurasiatique.
 
Notre objectif était simple: rencontrer et vivre avec les nomades mongols et himalayens, au coeur de l'hiver, de partager leur vie rude en participant aux tâches quotidiennes, et de découvrir leurs méthodes locales pour lutter contre le froid.
 
Une grande marche de plus de 700km en Mongolie, en autonomie totale et en hiver, avec notre cheval Fiston, une expédition sur le fleuve gelé du Zanskar et un hivernage complet au Ladakh nous ont permis de percer certains mystères de l'univers du froid extrême qui nous fascine, de tester du matériel local contre le froid, mais surtout d'échanger et de partager avec ces peuples semi-nomades qui nous envoûtent, et de vivre des moments forts et authentiques.

Tous les articles que vous lirez sur ce blog ont été écrits sur le vif, dans nos carnets de voyage, et retranscrits souvent 1 à 2 semaines après les événements, après avoir déniché un ordinateur avec un accès internet. Ils témoignent, à chaud, de notre état d'esprit du moment, de notre moral et de notre soif de découverte. N'oubliez pas de jeter un œil sur les albums photos et sur les petites vidéos qui les accompagnent!

Veuillez nous excuser pour les accents qui manquent parfois (et qui n'existent pas partout autour du monde), pour les fautes de frappes (causées souvent par des séances d'écritures avec des gants!) ou de syntaxes (dû aux mélanges des langues que nous avons pu utiliser).

Enfoncez bien votre bonnet, mettez vos moufles et avaler un grand bol de thé (salé?), et BONNE LECTURE !

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NB: Et n'hésitez pas à nous donner vos impressions en nous écrivant un petit commentaire, commentaires nombreux qui furent, à chaque nouvel article, une vraie joie pour nous pendant le voyage!



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29 octobre 2008

Un voyage sans retour???

Partir en voyage. Puis revenir, ou en revenir. On pense souvent à une grosse tablée de copains, en parlant des dernières nouvelles de France et des anecdotes de voyage. Après des mois de pérégrination, de rencontres fabuleuses, de moments de galères, de paysages hallucinants… Le retour, c’est comment ? Pas toujours évident…Impressions.

 

Un mot d'excuse pour ce retard énorme. Nous vous avions promis un article final, pour clôturer ce blog, qui a été un lien fort avec vous pendant ce voyage. Qu'il a été dur à enfanter cet article! Vidian s'est laissé du temps, et un peu de recul pour regarder plus attentivement tous les messages griffonnés sur le mur immense que représente notre voyage. Il a laissé ses pensées éclabousser son ordinateur, puis à ramasser petit à petit ces idées pour vous écrire ce dernier post d'Instinct Nomade. En espérant qu'il vous plaira...bonne lecture!

ATTENTION! De nouvelles vidéos sont en ligne!

 

 

Lyon, le point de départ de notre retour

On en était resté là. Le moral au top. Comme dans un rêve, le programme se gère de minutes en minutes, parfois sans cohérence. En mai, fait ce qu’il te plait. C’est parfait ! Nous n’allons pas vous détailler toutes nos retrouvailles, sachez simplement qu’elles furent de purs moments de bonheur !! Revenir sublime même notre pays. Les lieux connus se laissent découvrir sous un nouveau regard. Dieu que la France est belle! En stop, en voiture, en bus ou en train, on explore alors un nouvel espace. Armelle s’étonne de la régularité de la route, sa propreté, sa qualité, le respect de ses règles. Les paysages sont superbes. Les improbables rencontres géniales. Le voyage continue, en réalité. Ce moment est important. Il joue le rôle de transition, entre les instants très forts du voyage et le retour à la vie quotidienne. Ah oui, nous recevons aussi nos paquets, envoyé depuis l'Inde ou la Turquie. Rien de voler, un grand succès!!

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Mais voilà que l’on commence à savoir que l’on est rentré, et nos partenaires (financiers) aussi !

 

Instinct Nomade à la Mairie de Paris.

Juin 2008. Un verre de champagne à la main, notre stand fièrement décoré derrière nous, nous « tchatchons » avec d’autres voyageurs. Nous sommes dans le cadre somptueux des salons de la mairie de Paris pour la remise des bourses Paris Jeunes Aventure (PJA) 2008-2009. Ambiance champagne et petits fours. Des rappeurs dansent sur une scène. Nous sommes invités comme les « anciens ». Pourtant, nos souvenirs de notre périple sont bien frais (c’est peu dire !). Une goncha ladakhi, une coiffe en fourrure de Mongolie, un drapeau à prières tibétains et quelques photographies s'accrochent à notre espace, sans oublier la carte du monde et notre trajet. Une belle boucle. Les « nouveaux » viennent nous poser mille questions, et cela nous rappelle facilement notre mélange de joie et d’excitation de l’an passé, dans ce même lieu. 

 

 

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C’est génial. Des stands d'anciens lauréats sont magnifiques. Surtout celui d'une jeune photographe, dont le projet s'était concentré sur une ethnie oubliée d'Afrique. Des images en noir et blanc, belles et pures, chargées d'émotions. Un nouveau lauréat présente aussi son idée de troupe de montage vidéo, à destination des enfants, le tout se trimballant en France durant l'été dans un vieux bus jaune...une idée rigolote, des Bretons marrants!


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Dualité de nos réactions.

Au cours de l’été, certaines distorsions apparaissent entre nous. Dans la manière d’appréhender le retour et le quotidien, mais aussi à travers nos pensées vers le futur.

Armelle, toujours ancrée dans le réel, contrairement à Vidian, souvent dans ses rêves, tient à chercher du boulot rapidement. « J’ai fait des études d’ingénieur en bâtiment, je vais donc chercher dans ce domaine ». Mais le voyage lui a appris que le contact avec les gens la passionne. Qu’être noyée dans la masse d’un groupe puissant en bâtiment ne la tente pas du tout. Qu’elle aime l’indépendance, et un cadre de travail simple et sympa. Elle dépose délicatement son CV sur le net, et choisit avec soin les entretiens qu'on lui propose rapidement.


Le voyage n’a fait que renforcer les orientations de Vidian, qui cherche à dégotter un boulot-passion. Oui, mais ce n’est pas facile, car il aimerait autant être ébéniste qu’écrivain-voyageur, couvreur que chef de projet au sein d’un parc naturel régional, créer des séminaires d’entreprise que partir comme guide en Finlande retrouver les chiens… Au fait, il n’a pas fait des études en aménagement du territoire ? Si, si, vous avez raison. Alors il prend son temps pour réfléchir, ce que ne peut pas tout à fait comprendre Armelle, qui passe déjà des entretiens d’embauche.

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               Pendant cette période estivale, Vidian manque malheureusement un peu à son devoir de mari, celui d'apporter un peu de sécurité à son couple, en trouvant un boulot par exemple. Ou en rassurant sa belle par des propos réconfortant. Mais il ne le réalise pas encore, et finalement a un peu peur de l'avenir. Il répète ainsi sa phrase fétiche: « on verra », ce qui a le don d'énerver Armelle, avec qui les différences de point de vue se révèlent conflictuelles. Certaines fêtes avec les copains ne se termineront pas toujours dans un grand sourire, et les vapeurs lourdes de l'alcool aidant parfois, on arrivera même à se fâcher. Mais quand ils se brouillent ces deux là, il n'y a jamais un mot plus haut que l'autre. La raison est simple, ils ne se parlent alors quasiment plus!! Nous alternons alors les moments de joie intense et les prises de becs silencieuses, finalement pas bien graves !

 

Raconter son voyage

Certaines retrouvailles tournent un peu plus court. On pourrait écrire sur l’art des gens à poser des questions désespérantes! En effet, un phénomène étrange peut survenir lorsque l’on raconte ses péripéties. Pour schématiser, classons les gens en deux catégories.

Ceux qui s’intéressent vraiment au voyage. Et ceux à la recherche d’exotisme, qui se doivent de poser des questions et qui veulent entendre les réponses qu’ils souhaitent, sans trop les bousculer. Ces derniers se cachent aussi bien dans la famille que dans les amis ou les collègues. Tellement heureux de revoir les « aventuriers », et se sentant bête à parler de leur quotidien, ils posent toutes sortes de questions prévisibles. Et chacun y va de son « c’était bien ? », « tu dois être mieux ici, non ? », « est-ce que tu as eu peur? », « la pauvreté ne t’a pas trop choqué ? »…Mais le pire reste à venir. Voilà le tour des « préférés ». Même en tant que voyageur, il est dur de s’y soustraire. Qu’il s’agisse des pays, des souvenirs, des paysages, des gens, il faut toujours extraire de sa mémoire le superlatif. « C’était quoi la chose la plus horrible que tu aie mangée ? ». La mission est bien sûr impossible. Et comment ne pas se lasser très vite de ces questions, auxquelles on finit par répondre machinalement? Et puis vient le moment critique où le tri des souvenirs se calque sur toutes ces réponses pré mâchées.

Ceux qui ont bien cerné notre état d‘esprit, on les compte souvent sur les doigts d’une main. Ou des deux. Pas plus. Par les lettres, le blog ou le téléphone, ils ont suivi pas à pas l’aventure. Ceux-là aiguisent les souvenirs. Ils posent des questions-joyaux, des interrogations brillantes, et font brûler à nouveau la passion du voyage. Sans trop en faire, ils évoquent une photo qui les a marqués, demandent des nouvelles des rencontres au fil de la route, ou combien de clous ont crevés les roue du vieux camion Tata entre Katmandu et Varanasi...


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Et puis surtout, comme si on ne s’était jamais quittés, on reprend les discutions interrompues lors du départ. Ils parlent de la vie, de leur vie. Et cela pousse à atterrir, à les questionner sur leurs choix professionnels, sur leur dernière virée ou leur prochain godet entre potes. Les synapses se reconnectent, on se sent mieux.

 

Se réadapter au quotidien

Fini les interrogations sur le voyage, place aux soucis de notre bas-monde : retraite, travail, sécurité sociale, cotisation, assurance maladie, impôts…Certains semblent inquiets quant à notre réadaptation à la société occidentale. Aucune raison de paniquer! Pendant des mois, notre mode de vie s’est calqué sur celui des pays traversés, pourquoi ne pas réussir à nouveau ? Le décalage de mode de vie est provoqué par un changement brusque, un catapultage rapide, dû à l’avion, par exemple. L’avantage que nous avons eu a été notre lenteur. Un luxe. Nous avons voyagé au rythme des gens, par des modes de transports terrestres. Nous n’avons pas subit de choc de civilisation, mais avons suivi les mutations culturelles et linguistiques. Depuis l’Inde, en traversant le Pakistan, on quitte la foule agglutinante. En Iran, on redécouvre les routes. La Turquie nous informe des dernières tendances de la mode. L’euro arrive avec la Grèce. L’Italie sonne le retour à la gastronomie. Et la France est là! Se reconnecter au quotidien du monde réel n’est pas la difficulté d’un retour de voyage.

Le défi qui nous attend est tout autre. Après tant de découvertes et de rencontres, comment ne pas changer? C’est indéniable, un long voyage, ça chamboule ! L’aventure fait évoluer notre façon de penser. La route nous donne des clés pour changer de mode de vie. Que faire lorsque l’on revient à notre existence pré-voyage? Mettre toutes ces idées de côté et rentrer à nouveau dans le moule? Une question de facilité, mais pourtant, les cheminements personnels ressentis en voyage « titillent » l’esprit. Pourquoi ne pas agrandir un peu ce « moule », en prenant soin de ne pas se déconnecter du monde réel? Vivre sa passion ou vivre de sa passion. Certains vont se poser la question. Quelle orientation donner à la vie? Reprendre le même travail, ou changer de voie, puisqu’on se rend compte en voyageant que finalement, beaucoup de choses sont possibles. Cette étape de questionnement va transporter les uns vers des réflexes que d’autres ne vont pas comprendre. Ceux qui vont vouloir se « mettre en danger » en gagnant moins, en prenant plus de temps pour eux et pour les autres par exemple, vont susciter l’incompréhension, et seront souvent jugé comme des fainéants. Le défi est alors de trouver un équilibre entre ceux qui comprennent cette nouvelle logique et ceux qui la rejettent, pour l‘instant. Il s’agit de la même recherche de connivence et de lien fort entre deux compagnons de voyage, ou au sein d’un couple, dont les protagonistes ont réagit différemment au retour. Il faut parfois laisser du temps pour regarder à nouveau dans la même direction, vers un nouveau projet.

 

Valoriser notre voyage au long cours

Une règle simple guide nos recherches: ce sera Grenoble ou Lyon! Comme une idée fixe, ce choix géographique nous a pris un jour, sans prévenir. Être proche des montagnes et de la Drôme. Armelle passe ses entretiens avec verve. Elle enchaîne les RDV et tire toujours son épingle du jeu. C'est une championne! Souvent, la question du voyage revient. Une entrevue avec un recruteur tournera d'ailleurs pendant plus d'une demi-heure autour de notre projet Instinct Nomade! C'est un « plus » dans son CV, un élément qu'il lui est facile à mettre en avant. Les DRH apprécient cette ouverture d'esprit, ce goût de l'aventure et de la débrouillardise, ce courage de partir aussi. Un d'entre eux ira même jusqu'à dire qu'il aurait rêvé de faire ça lui aussi! Voilà, on y est. Il faut faire rêver les gens, leur montrer que nous sommes allés jusqu'au bout de notre rêve. Mais que notre but est aujourd'hui de s'installer, une façon d'écarter ainsi la question qui trotte dans leurs têtes: « Alors vous allez repartir, non?! ». Un risque pour eux. Armelle écarte vite le secteur de l'immobilier, dans lequel elle ne se sent pas bien, et finit par dire « oui » à une petite boite qui s’avèrera bien sympathique! Elle arrive même à leur dire qu'en fonction de ses engagements précédents, elle ne pourra commencer qu'en septembre! Le deal est accepté!

Armelle nous assure donc des revenus pour la rentrée 2008, à Lyon, ce qui la réconforte. Vidian suspend ses maigres recherches de job, et se concentre sur les rapports et autres pièces à fournir au retour pour nos chers partenaires financiers. On dilapide nos deniers restant dans un voyage en Italie avec les potos, pour un mariage toscan, et on débarque le 1er septembre 2008 à Lyon, ancienne capitale de la soie et haut lieu de la tripaille, entre Rhône et Saône.

Armelle bosse et s'applique à devenir très vite autonome en tant que chef de projet en réaménagement de bureau. On appelle ça de la maitrise d'œuvre, mais aussi de l'assistance à maitrise d'ouvrage. La boite est jeune, la moyenne d'âge ne s'élevant pas au dessus de 27 ans...

Vidi termine les rapports de fin de voyage et intervient dans quelques antennes jeunes à Paris (MJC). A travers une petite exposition photos et en discutant avec les jeunes, il leur montre qu'il est possible d'aller au bout de ses rêves, et qu'un projet bien construit peu aboutir sur une belle expérience.


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Avec Armelle, ils présenteront aussi leur voyage dans des écoles primaires. Et là, nous réalisons à quel point les enfants enregistrent ce qu'ils entendent et/ou regardent à la télé. Les enfants de la classe de la petite sœur d'Armelle, Marguerite, qui ont étudié un peu la Mongolie, nous scotchent par leurs connaissances sur le pays, le nom des fêtes nationales, les us et coutumes...

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Un beau chantier

Nous débarquons la veille de la rentrée des classes d'Armelle. La famille nous loge. Un grand Merci à Olivier et Paule pour leur gentillesse. Le cousin Clem et Vidian se soutiennent mutuellement dans leur recherche de job. Trouver un appartement est la priorité. En trois jours, l'affaire est pliée. Vidian a tout bonnement pris le premier! Mais non content de payer un loyer peu cher, il a négocié avec le propriétaire de faire quelques travaux sur les murs en échange de mois de loyer. C'est ainsi qu'un beau chantier se lance, sous les conseils des artistes Isabelle et Paule, et grâce à l'aide de tout ceux qui viendront donner un coup de pinceau.


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Le 18 septembre, nous emménageons dans notre bel appartement, qui est tout de même plus grand que notre tente de voyage, et où la condensation est moindre!! Ce sera l'occasion pour nous d'un p'tit diner tranquille sur ce qui nous servira de table au début...la table à repasser!!


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Alors qu'Armelle travaille consciencieusement, Vidian fait l'homme de maison, cuisinant pour sa petite femme, faisant les courses, le ménage, les derniers aménagements. Ceux de l'ancienne génération lui demanderont souvent si Armelle fait bien la cuisine, si ce n'est pas trop fatiguant pour elle de s'occuper de la maison et de travailler... Ce à quoi Vidian répondra en bouffant de rire que c'est lui l'homme de maison et qu'ils ont décidé avec Armelle de vivre ainsi, et que c'est lui qui élèvera les enfants! « Mais non, je vais trouver un vrai travail, et j'enverrai trimer Armelle derrière les fourneaux à charbon, et faire les poussières dans toute la maison!! ». Cette confrontation des différents modes de vie nous a beaucoup fait rire.

 

Perdre les bonnes habitudes ?

Posé sur la selle en cuir de son solex, cheveux au vent et poignée en coin, Vidi file au rythme d’une vache au galop. Une côte lui rappelle qu’il faut se servir des jambes sur un vélo-moteur. Il tire, il pousse, le moteur ralenti mais se maintient au plus bas. Au col, il laisse échapper un cri en forme de « Kiki Soso Largyalo », comme au Ladakh, pour remercier les dieux. Il n'est pourtant pas à 5200m mais en haut d’une colline bretonne. Les bras en l’air, le souffle court, il ne ressemble à rien le pauvre Vidi. Même la vache qui le regarde en mâchouillant semble avoir la lueur d’intelligence qui lui fait défaut à ce moment-là. Après un long voyage, il faut parfois tourner la page, et perdre certaines habitudes.

 

Et les amis rencontrés en voyage?

La technologie est parfois merveilleuse. Vidian, assis dans un bar une bière à la main, vient de recevoir un mail de Sonam, une des filles de notre chère famille du Ladakh. Il dit oui à une nouvelle bière et fait fi de son alerte SNCF. Elle doit être assise dans un cyber-café de Delhi, un tchaï posé sur la table. Tout proches, et pourtant, des milliers de kilomètres nous séparent. Cette jeune fille de l’Himalaya passe en année supérieure de médecine ! Garder le contact avec les gens rencontrés est une façon de prolonger le voyage. Mais aussi une promesse qui se transforme en challenge. Il existe des moments de partage éphémère mais intense avec des locaux, mais en les quittant, nous sachions que la page était tournée, pour eux comme pour nous. Au cours du voyage, nous avons par contre fait l’effort d’envoyer les photos à ceux à qui nous l’avions promit. On se pose souvent la question après un échange plus long. « Vais-je un jour les revoir ? ». Certaines personnes sont inoubliables. Et comme un pressentiment profond, on sera amené à les revoir un jour, dans 6 mois, 2 ans ou 10. Et lorsque cette deuxième rencontre intervient, c’est encore plus intense. En attendant, les nouvelles courent sur la toile. Et la poste fait le reste, avec toute la poésie de l’écriture à la main. Une lettre vient d’arriver d’une vallée « oubliée » de l’Himalaya, la Nubra. Les timbres sont barbouillés d’encre. Paldon, professeur de géographie, nous donne de ses nouvelles dans un anglais approximatif. Nous nous sommes revus à chaque voyage en terre Ladakhie. Une amitié s’est créée, très forte.

 

Et les photos alors? Notre vie de festivalier!

Après plusieurs mois de réflexion vient l’idée de trier ses photos et d’en garder l’essentiel. Exercice ô combien difficile! Chaque image renvoie à un souvenir précis, une odeur, un son…Et l’on sombre à nouveau dans le vague, les yeux au bord du vide.

C'est alors que le festival de montagne de Fontaine, une petite ville près de Grenoble, nous met le grappin dessus! Nous acceptons volontiers de présenter un diaporama de photos de 30 minutes environ, le tout en musique. Commence alors la ronde des images, la torture de la sélection, le choix de la musique. Et nous voilà en compétition avec deux autres projets de voyage, l'un au Kirghizstan, l'autre au Kamchatka. La salle en amphithéâtre rassemble près de 300 spectateurs, et l'on se demande alors si notre diaporama réalisé avec Imovie un petit logiciel de base sur Mac, ne va pas paraître ridicule! Le stress commence à monter lorsque les lumières s'éteignent. Entre chaque projection, quelques questions sont posées aux protagonistes du film. C'est avec la voix chevrotante et éblouie par la lumière blanche des spots que nous répondons comme nous pouvons aux questions, sans langue de bois et surtout sans se prendre la tête. « Oui, nous avons fait ce voyage pour nous, sans aucun but humanitaire ni écologique, juste pour la recherche de l'aventure et de nouvelles rencontres. Oui, on en a bavé parfois. Non, nous n'avions pas de caméra. Et non, dans notre diaporama, nous avons préféré mettre davantage de musique moderne que de chants tibétains » (le présentateur avait aussi des questions inintéressantes)! Le jury trié au hasard dans le public arrive alors en scène et déclare le gagnant du festival: Instinct Nomade. Avec une boule au fond de l'estomac, mais un sourire à se décrocher les oreilles, on débarque sur la scène où l'on nous remet un beau chèque à dépenser dans un magasin de montagne, EXPE. Wouah!

 

2h du matin, Vidian se bat avec le logiciel de montage Adobe Première (version anglaise!) pour créer quelques effets dans la succession des images que l'on prépare pour le festival d'Autrans. Pour les bourses Expé, nous devons construire un diaporama de 9 minutes qui sera présenté lors de la soirée des « Bobines de l'extrême ». A la clé, près de 2000€ de bons d'achats chez Expé. 4H du matin, Vidi commence à régler le son, à gérer les transitions, le niveau sonore... Nous serons 8 équipes en lice pour ce festival international du film de montagne. Mais nous concourrons dans le festival Off, celui que personne ne regarde (ou presque). Nous, on est tellement heureux d'aller à cet événement, et puis on fait ça pour nous, pour être fier de présenter quelque chose de beau. 6H45, Le réveil sonne. Armelle passe la tête au dessus de la balustrade de la mezzanine et aperçoit Vidian, le casque sur la tête, dodelinant, la tasse de thé fumante, qui termine les derniers réglages. Il traine des valises sous les yeux, mais il sourit, il a l'air content de son coup. Un générique de début, un remerciement final et notre petit montage est prêt. Au terme d'une soirée où les films furent très différents, passant de la spéléologie à l'alpinisme, en passant par la marche à pied, le jury, tiré au sort dans le public, nous élit les (très) heureux gagnants!! Notre bande-son punchy et la qualité des photos ont semble-t-il fait penché largement la balance de notre côté. A la sortie de la projection, on nous regarde attentivement en nous disant bravo! On se sent tout timide. Touché par « l'émotion qui se dégage des photos » (ah bon?!), un illustrateur viendra même nous offrir un de ses bookins! Nous profitons d'être logé sur place pour se régaler des projections de film de montagne, et pour observer ce petit monde de l'aventure et des pics enneigés qui gravitent autour des salles de projection. Dans les couloirs, et surtout devant le stand de dégustation de « Chartreuse », ça discute de voyages, de projets de tournage, d'articles et de reportages... Fascinant!

 

La vie à Lyon

           Armelle se sent de mieux en mieux dans sa petite agence, et Vidian cherche dans différentes directions: urbanisme, organisation de séminaire et espace naturel. Le premier secteur ne le passionne guère, le second est un peu restreint par la crise, et le dernier est trusté par des copinages douteux. Alors il réactive son réseau et anime quelques séminaires pour son ancienne boite basée en Camargue (Group Magellan), tout en rédigeant divers articles sur le voyage, notamment pour Trek Magazine. Il finit par répondre à une mission de Group Magellan, en créant sa propre boite! Et le voilà entrepreneur, fier de gérer son temps et de gagner sa vie. Il développe aujourd'hui sa structure selon trois axes que sont l'événementiel, la logistique et la communication, et enchaine les RDV commerciaux. Allez donc jeter un oeil sur www.aveho.fr.

           Mais le plus important, c'est notre capacité à nous évader chaque we. Nous nous mettons rapidement au ski de randonnée. Le principe est simple. Prenez des skis de piste plus léger et des fixations particulières, collez une peau de phoque pêchée dans le Rhône et grimpez en haut de la montagne. La suite est belle. Retirez avec grâce la peau et glissez dans la puff, pour curver comme un ouf en passant des backflips de guedin en attéro arrière on the nose! Bon, pour les néophytes comme nous, et surtout pour Vidian qui n'avait jamais fait de ski (seulement du snowboard), les premières descentes ont été laborieuses. Mais quel pied d'être quasiment seul en montagne, et libre de faire sa trace!!


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            Nous passons du temps dans le Vercors, dans de petites stations pour se perfectionner et pour donner un coup de main à Julien le musher des landes, notre pote conducteur de chien de traineaux installé à Autrans pour la saison. Un territoire sauvage et magnifique pour le traineaux! Sa caravane nous servira de pied à terre de luxe en pleine montagne. Merci garçon!!


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              L'appart' devient vite un lieu de passage pour tous les amis, de France et de Navarre. On accueille ceux qui cherchent du boulot dans la région, les Espagnols ou Hongrois venus en we découvrir la ville et la montagne, ceux qui partent bosser pour une mission dans le sud, et tous ceux qui savent que l'apéro est offert lorsque l'on frappe à la porte!! Notre voisine surnomme même notre appartement « l'auberge espagnole »!


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            Nous gardons en fait les yeux ouverts, pour les paysages et les rencontres improbables, tentons de briser dès que possible la routine qui s'installe, prenons des risques pour brusquer notre vie, prenons le parti de vivre au grand air dès que possible, en nous échappant en montagne, prenons plaisir à connaître mieux les petits commerçants du coin, et en nous laissant envouter par le charme du quartier, où tout les vieux d'Afrique du Nord viennent taper la discute un thé à la main sur la place Gabriel Péri, nostalgie de la vie au bled...

 

 

                Ce que le voyage nous a appris

 Instinct Nomade a aiguisé notre capacité à nous adapter. Dans le cadre professionnel, où l'on est confronté à des éléments inconnus, nous arrivons à mieux rebondir, à garder suffisamment de recul pour s'auto-évaluer et ne pas se monter le bourricot pour rien. Nous rencontrons des gens bien différents, autant au boulot que dans la sphère privée de notre vie quotidienne et nous prenons plaisir à se sentir proche de tout le monde. Notre métier ne doit pas être qu'une contrainte, mais un lieu où l'on continue d'apprendre, où l'on peut grandir ou faire grandir une qualité. Et il n'est pas toujours facile de garder ce regard!

 Le voyage, de par les rencontres étonnantes et les parcours de vie de ces personnes, nous a appris que rien n'est vraiment impossible dans la vie. Il nous semble important de regarder autour de soi et saisir des opportunités en restant fidèle à ses valeurs.

 Notre périple nous a fait comprendre à quel point les relations humaines sont primordiales, et qu'il faut prendre du temps pour les amis, la famille, pour soi aussi. Il n'est pas toujours facile de respecter ce type d'engagement, mais lorsqu'un stress arrive, nous prenons sur nous en disant « stop »! On se cale alors dans un fauteuil, un potos au bout du fil...

 Et puis ce grand périple nous a permis de mieux nous connaître et d’apprendre à toujours plus nous aimer, même dans les difficultés. Nous nous sommes tenus la main pendant des milliers de kilomètres et avons traversé bien des épreuves, nous ne pouvons en ressortir que plus fort, et plus confiant dans la vie. Aujourd’hui, nous brisons la routine dès que possible par de petits gestes, et sans télé ni tabou, nous vivons notre petit bout de vie, d’amour et d’eau fraîche (ou gelée !) avec simplicité. C'est pas "cul-cul", c'est juste de l'heureusitude!

 

 

                 L’aventure « bloguesque » d’Instinct Nomade se termine ici, avec vous. Nous vous remercions encore du fond du cœur pour tous vos commentaires et impressions que vous nous avez témoigné,  et que nous attendions avec tant d’impatience au fond de notre cyber café du bout du monde. Un grand merci à tous ceux qui nous ont soutenus dans cette belle aventure, et à tous les inconnus qui nous ont écrit, de France et de Navarre.

 

                 La vie continue maintenant, alors haut les cœurs !

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Special thanks to our friend Valdas, from Lithuania

17 juin 2008

Instinct Nomade Bourse Expe

Instinct Nomade Bourse Expe
Vidéo envoyée par vidian_armelle

          Et voilà en avant-première notre petit montage, projeté lors de la soirée "Les Bobines de l'Extrême" du Festival International du Film de Montagne d'Autrans, édition 2008. Un grand désolé car la qualité n'est pas (encore) bonne, mais très bientôt, nous aurons la possibilité d'améliorer ce point, et vous pourrez ainsi en prendre plein les yeux!!

25 mai 2008

Home sweet home

     Bonjour, oui BONJOUR !!

     Ouh la la (comme disent les Français...), nous revenons enfin à la langue de Molière, quel changement !! Nous nous réhabituons doucement aux accents si poétiques de notre langue natale. Nous voici à nouveau, après près de neuf mois de pérégrination, sur le plancher des vaches, dans nos contrées françaises. Neuf mois, p..tain’con comme dirait un gascon, un bail quoi ! Des photos plein les poches, des souvenirs plein la tête, des étoiles plein les yeux, des kilomètres plein les jambes…Et du BONHEUR, oui, plein de Bonheur, à en revendre même. On brade tout.

     Mais au fait, depuis les îles des Cyclades, où avez-vous traîné vos guêtres les enfants ?? Suivez-nous sur le chemin de la maison…

                                             

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     Syros, une rencontre étonnante. Un élément particulier nous avait fait réaliser notre entrée en Europe. Un son tout bête. Celui de la cloche des églises...exit les chants du muezzin!

     La petite plage de Galissas, au Nord de Syros, est tranquille. Le bruit des pions du tavlia (=baggamon) rayés par le sable rythme le temps. La voix d’une Anglaise en maillot, discutant avec sa copine, résonne dans l’air. Deux beaux gosses musclés courent dans l’eau et bombent le torse. Cherchons un téléphone pour l’émission « Allo la Planète » sur France Inter, et tombons miraculeusement sur un petit bout de femme tout sourire. Une Belge une fois ! Son Léon de mari est tout aussi fringant. Des passionnés de désert, et de liberté. Plus de vingt traversées du Sahara en solitaire en 4X4, sans connaître la mécanique, des bouts de vie avec des chameliers, l’apprentissage de l’orientation en fonction des vents de sable et des signes, des galères pas possibles, forcément. Et puis cette longue dérive en voiture à travers le Moyen-Orient, le passage en Afghanistan juste avant l’arrivée des troupes soviétiques, et leur arrêt au Ladakh, en 1978, subjugués par la beauté de ces vallées perdues et alors inexplorées. Nous écoutons le cœur plein d’émotion, entendant parler des routes du Balochistan que nous avons nous-meme foulées et qui nous ont tant marquées. Nous nous sentons témoins de l'histoire, comme eux il y a 30 ans, dans ces régions ou tout change si vite. Il faut dire qu’ils ont l’art de raconter des histoires. Ancien professeur de grec et latin, langues et civilisations, des orateurs nos Belges !

                                                                                                               

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     Ils pousseront leur gentillesse en nous prêtant leur portable grec sur lequel Eric Langes de France Inter joindra Vidian, pendant qu'Armelle dort sur la plage. Il est tard dans la nuit, la vue sur la baie est superbe. Le lendemain, le petit-déjeuner en leur compagnie restera dans les annales, tant par la richesse des discussions que par la variété des victuailles !! Merci les amis!                                                                      

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     Assis sur les marches de la colline d’Ano Syros, nous contemplons. Un billet de 5 euros tombe à nos pieds. ??!! « T’inquiète, dit Armelle, c’est le ciel qui nous rend la commission d’échange des travellers cheques de la banque » Suffit de demander…

                                                         

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     Vous allez voir comme il est sympa, Mario. Et il connait tout le monde dans le quartier. Et il parle français, car il a étudié au séminaire des pères Lazaristes à Istanbul, quand il était jeune. Alors, quand il nous entend remonter sa petite rue traditionnelle, il nous aborde mine de rien ("Qu'est-ce qu'on racontait à ce moment-là? J'espère qu'il n'a pas compris des bêtises..."). Alors, il nous emmène d'abord sur son toit pour nous entendre nous extasier sur la vue, et sourire secrètement a la vue des gigantesques culottes de sa femme qui sèchent sur fond de mer azur.

                                                                                                                                                                        

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      Puis, fervent catholique (en voie de disparition sur cette île), il nous emmène dans "sa" cathédrale. Il est costaud, Mario, car malgré ses 74 ans, il grimpe les ruelles escarpées avec la souplesse d'un écureuil (ou presque). Nous ne comprenons pas toujours ce qu'il nous raconte, à cause de son fort accent. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il est passionné, et veut nous transmettre des messages d'espoir. Alors, nous hochons la tête, et le dévorons des yeux.

                                                                                                                   

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     Après un sandwich vite englouti et une dernière partie de tavlia, nous embarquons. Monique et Léon sont venus nous dire au revoir. Sympa. Le navire lève l’ancre. Fouettés par le vent, nous posons alternativement nos yeux sur le panorama et les gens qui nous entourent. Un néerlandais joue de la guitare sèche, bientôt relayé par un hispanique et son harmonica chromatique, et le bruit des bières qui s’entrechoquent derrière nous. Un homme étonnant arrive. Des sourcils dignes de ceux de l’ancien proviseur de Vidian, c’est-à-dire immense, et un nez « à la Cyrano ». Une allure britannique, non, Ecossais, oui Ecossais plutôt. Nous le voyons déjà en kilt. Près de la rambarde, son nez fend la bise quand il hume la brise. Ses longs sourcils chatouillés par le vent semblent vouloir imiter le lent mouvement de la houle. Il est le roi du monde.                                                                                                                             

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     Athènes, en vitesse. Une bouteille lancée à la mer il y a moins de 24h s’est accrochée dans la toile du net et nous est revenue avec une bonne nouvelle : nous sommes attendus à Athènes. Merci Pat! L’immense paquebot fait son créneau dans le port du Pirée. On se demande encore comment il fait pour flotter ce gros machin ! Descendre sur le quai, éviter les amarres tendues à mort, « arrête de regarder les motos Vidian ! », emprunter la passerelle au-dessus du boulevard, attraper le métro, monter les marches et sortir respirer à la surface. Une jeune femme nous accueille d’un grand sourire. Son mari lui fait écho. Des expatriations dans tous les sens, dans des coins parfois « chauds », un joli regard sur le monde, une fraîcheur extra…Nous goûtons avec eux d’excellents gyros (genre de Kebab), accompagnés d’une bonne bière et de toutes ces discussions sur la planète bleue qui font du bien.

     La nuit sera réparatrice, et le petit-déjeuner totalement surréaliste. Au soleil sur la terrasse, des fraises et des kiwis dans une coupelle, de la baguette fraîche, du vrai beurre salé et de la confiture maison, des croissants même. Parlons-nous beaucoup de boustifaille en ce moment ? Oui, c’est vrai. Mais vous n’imaginez pas le bonheur de ces instants culinaires !! Nous terminerons notre halte par une petite virée dans les montagnes d’Athènes avant de prendre le train pour Patras, les sacs chargés de victuailles grecques. Merci Valérie et Richard pour cette simplicité et cette générosité...on n'a même pas eu le temps de rencontrer vos bouts de chou! Qui parait-il ont marché sur la pointe des pieds, le lendemain matin, pour ne pas nous reveiller...en essayant quand même de voir la barbe du monsieur bizarre qui dormait dans le salon...                                                                                                                                    

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     Patras-Ancona-Bologna-Ferrara. Pas le temps de négocier avec le manager pour travailler sur le bateau et voyager gratis. Le billet est peu cher et le vendeur pas aimable. Nous devons être une vingtaine de passagers sur l’immense hôtel flottant. Personne en somme. On pose nos sacs et après un œuf au plat (on ne s’autorise que ça), on s’allonge entre les fauteuils pour dormir un peu. Dans la nuit, des tas de Français déferlent en parlant fort. A notre grande surprise, nous surprenons le lendemain matin tout ce beau monde parlant de « spéciales », de mécanique, de régulateur défectueux…Plus de 250 personnes reviennent d’un grand raid en Roumanie…en 2CV !! Et Vidian croise un de ses oncles bretons, pilote dans l’affaire. Depuis Ancona, ils partent vers Parme. Sur notre route. « Ne bougez pas, je vais vous trouver un véhicule » Vive la famille! Le débarquement des 2CV est grandiose et haut en couleur. Des badauds s’arrêtent pour observer cette drôle de voiture au "capital sympathie" incroyable.                                                                                                       

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     Et voilà Armelle embarquée dans un Hummer H3 (enooorme 4X4 a l’origine construit pour l’armée américaine) et Vidian dans un camion d’assistance du Dakar (6X6) de plus de 500 chevaux. Nous filons vers Bologne, où nous déposent nos pilotes, sur une aire de parking sur l’autoroute vers Milan. Par là-bas, ce n’est plus notre route ! Vidian dégotte des Danois en voiture de location qui se sont aussi trompé de route et qui retourne aussi vers Bologne avant de monter au Nord. PAR-FAIT. Notre bonne étoile ne nous a pas lâché d’une semelle. Les gentils Scandinaves font un petit détour et nous posent à l’entrée de Ferrara, à une station essence. Le pompiste, un grand chauve, nous loue gratuitement son téléphone. Vidian appelle son cousin, en VIE à Ferrara. « Non, sérieux, vous êtes à Ferrara ??? Je sors du boulot et j’arrive en bus» C’est vrai que nous avons un jour d’avance. Un jeune peintre nous pousse un peu plus vers le centre ville. Il parle un anglais parfait et joue dans un groupe de reggae-ska. Nous sommes séduit par l’Italie. Porta Paula, dans les remparts de cette ville protégée par l’UNESCO. Nous avons le ventre vide depuis ce matin, ou nous avons fini des croûtons de pain sec. Armelle s’offre, sans le savoir, une spécialité du coin, un sandwich grillé.                                                                     

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     Ferrara, des vacances (!). Et Thomas qui arrive, veste italienne et sacoche en peau de serpent au bout du bras. Une belle et sincère accolade. Familiale, amicale. Les premières vraies retrouvailles. Nous passerons deux jours extras, entre ballades, glaces italiennes, bonnes bouffes et longues discussions. Avec Thomas et sa douce Nicole, une charmante Italienne « super cool », nous prendrons le temps de vivre, de nous retrouver, de partager. Sous la pluie, nous chercherons en vain une pizzeria (faut dire qu’il était vers 16h30 !). Nous prendrons deux apéros incroyables dans un bistro branché et une cave à vin, avec de quoi se nourrir pour dix. Nos deux Italiens nous cuisinerons des plats succulents et nous éclaterons de rire aux histoires rocambolesques et rigolotes que racontera Nicole.                                                                  

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     Les dernières bornes. En Italie, il n’est pas évident de faire du stop. On nous le dit. On nous le répète. Thomas trouve, dans les infractuosités du net, des billets de train très bon marché jusqu’à Turin. Va donc pour Turin ! Nous embarquons lundi matin, et poussons même le train jusqu’à la petite ville de Bussoleno. En sortant de la gare, la route s’étire vers la frontière, dans les montagnes. Nous marchons sur le bord de la route. Personne ne nous fait de signe. Mais tout le monde nous regarde. Aurions-nous un truc écrit sur le front ? Ca y est, des gouttes commencent à tomber du ciel plombé. Ça fait mal, le plomb ! Un jeune ingénieur bâtiment nous propose plutôt la route du col de Montgenevre, puisqu’il est interdit de faire du stop pour passer le tunnel du Frejus. Pourquoi pas ? C’est très joli en plus. Vidian colle son nez à la fenêtre et soupire doucement en faisant de la buée. On ne voit même pas les sommets, perdus dans la brume. Plus que 15 kilomètres avant la France. Un jeune couple pressé nous pose au dernier village avant le col, à 7 bornes de la frontière. Nous avons notre compte, il pleut franchement. Des semi-remorques passent. Les nuages aussi, déchargeant leur fardeau liquide sur nos épaules, le dos de la main et le haut de notre pouce. Bien.                                                                   

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     Ah yes, voilà une voiture française. C’est la Renault Clio pourrie de Max, un vieux prof de foot. Max la menace. Trop de foutoir devant, nous montons à l’arrière, comme un taxi. Ça grimpe sec, ça tourne dur. Le paysage est super chouette. Il cravache sa pauvre clio le père Max. Et hop, nous voilà chez nous ! Ouah, on est au pays!!

    

     Nous réalisons qu’une nouvelle étape est franchie, sous la pluie, en dépassant le panneau France. Il est sympa Max, il laisse le silence nous gagner et panser nos cœurs des souvenirs qui nous rattrapent. Max accélère, sa Clio laisse échapper un long rugissement de voiture de course. Il se marre, il vient d’éclater son pot d’échappement. Il est libre, Max.

     Il nous pose chez lui, à Briançon, après une petite visite guidée. Il est en avance pour son cours en faite. A la prochaine Max, et merci. Armelle pose à peine son sac contre un panneau qu’un jeune s’arrête et nous propose de monter. Max est encore derrière nous. Il sourit et lève ses pouces comme un champion.

     Bertrand est aussi un phénomène. Pendant son école de commerce à Lyon, il part en Alaska un an. Diplômé, il bosse pour une agence de conseil en continuant à grimper dans tous les sens. Pas pour lui, le conseil. Il part au Pérou enchaîner des sommets avec les bourses Défi Jeunes, Expe et Guilde du Raid. Tiens, tiens, c’est marrant, comme nous! Puis il rencontre sa femme quand il passe son diplôme d’accompagnateur en moyenne montagne, et décide de devenir instituteur. La vie lui offre une fille. L’an prochain, en congé annualisé, il part à l’aventure avec sa petite famille, direction l’Amerique, du Nord au Sud. Professeur, le plus beau métier du monde ? Puis plus loin le col du Lautaret nous propulse vers la vallée de la Nevache. Quelle est belle notre France ! « Je vous laisse ici, je construis des cabanes en bois miniatures avec mes élèves. Il me faut du bois. Si vous voulez dormir à la maison ce soir, il n’y a aucun problème, nous aurons plus de temps pour papotter. » Notre objectif est Lyon ce soir, mais on reviendra dans le coin. Merci!       

                   

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     Un couple de retraités nous attrape bientôt. Excellents nos petits vieux, ils parlent de la vie et de la société et nous demandent les solutions que nous avons pu voir pendant notre pérégrination. Ils ont construit un chalet aux Deux-Alpes avec leurs enfants. Après le nettoyage du printemps, ils rentrent à Grenoble avant de s’installer là-bas. Ils nous proposent aussi de venir dormir chez eux. Quel accueil de la part de notre pays ! Encore des rencontres authentiques, le voyage ne se terminera jamais. Notre gentil grand-père dépose sa femme chez elle et nous dépose gentiment sur la route de Lyon.

     A peine déposés, une jolie femme en Laguna Nevada nous propose de monter avec elle jusqu’à Lyon. Il est 20h, c’est parfait. Encore une femme étonnante, professeur et chercheur en didactique des mathématiques. Ou comment transmettre le mieux les maths aux enfants. Le soleil se couche sous la couche de nuages noirs. La pluie n’est plus. Les couleurs sont très chouettes.

     Nous entendons la voiture repartir. Sur le trottoir, nous visons la bouche de métro pour gagner le centre. Surprise, nous comprenons les passants ! L'ambiance est aseptisée, les panneaux sont en français, la musique d’ambiance aussi ("Ecoute, Vidian, les derniers tubes français!"), la voix off du métro également. Une dernière épreuve nous attend. Au pied de l’immeuble du parrain d’Armelle, nous sommes coincés. Le code a changé, nous n’avons pas de portable et pas de sous pour la cabine, qui n’existe pas. Armelle emprunte avec un sourire le portable d’un homme attablé à la terrasse d’un café (qui le garde quand même en main, option haut-parleur, au cas ou elle parte en courant avec...c'est elle, la délinquante, maintenant) et tombe sur sa famille, qui nous donne le sésame. Une dernière volée de marches, une porte grande ouverte et des sourires. Et des embrassades heureuses.

 

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     Cela fait cinq jours que nous avons jeté l’ancre en France mais il y a toujours ce formidable élan qui nous pousse à aller de l’avant, à nous mettre en mouvement. Nous ne croyons toujours pas être arrivés aux termes de notre voyage. D’ailleurs il en est autrement. Nous ne finirons jamais ce voyage. Il restera en nous pour toujours. Il vivra dans nos cœurs jusque dans les dernières bribes de souvenirs. Nos disques durs cérébrals ne sont pas prévus pour être réinscriptibles. On est décidément pas à la mode.

    Nous avons tellement envie de faire vivre notre passion, de vous raconter avec des étoiles dans les yeux toutes ces anecdotes qui ont noirci nos cahiers.

     Car aujourd’hui commencent de nouvelles aventures. Le tour de France d’abord, pour serrer ceux qu’on aime dans nos bras et revivre avec eux, vous, les moments forts de cette aventure. Ensuite, le montage de notre film-diaporama de 9 minutes, qui sera projeté au Festival du film de Montagne d’Autrans en Novembre 2008. Puis des idées d’articles aussi, des conférences prévues à droite à gauche…Avec la profonde envie de faire vivre cette aventure pendant encore des années. Enfin, l’installation quelque part, la recherche d’un « vrai » travail…

     Mais en attendant, nous restons tres sensibles a tout ce qui nous rapelle telle ou telle anecdote ou souvenir...Encore dernièrement, un clin d'oeil dans le métro lyonnais: une carte IGN très grand format sur laquelle nous revivons notre trajet le long de la route de la soie...Exitation!

 

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     Non, nous n’avons pas envie de vous lâcher comme ça ! Géographiquement, Instinct Nomade a gagné son point d’arrivée, et le droit de se reposer un peu. Mais ce blog continue, pour notre plus grand plaisir. De nouvelles vidéos, parfois anciennes, viendront gonfler la rubrique. De nouveaux articles mettront l’accent sur tel ou tel sujet. Puis nous vous conterons nos prochaines entrevues publiques, comment cette pérégrination aura-t-elle fait évoluer nos pistes de recherche de travail, comment cette expédition jouera un rôle dans nos entretiens d’embauche, comment nous vivrons de ne plus être nomade complètement. Cela vous tente ?

 

     Pour l'instant, une idée de boulot rigolote: "Consultants en Montage de Tentes pour les Campagnes Publicitaires (CMTCP)"...Jugez par vous-même, c'est fait n'importe comment :

 

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     Merci pour tous vos messages, vos commentaires, vos news, vos clins d’œil, vos discussions qui nous ont fait grandir. Nous avons terriblement hate de vous voir, et de vous écouter.

     Nous voudrions remercier aussi tous nos partenaires, qui nous ont soutenus, jusqu’au fin fond de la Mongolie, par leur matériel ou leurs conseils.

     On vous embrasse fort

    

     Dawa et Nilza

                                                                                    

NB: "dernière minute": Resultat du jeu-concours de la semaine dernière...Avec un poids de 13,4 et 20,4 respectivement pour Armelle et Vidian. Le total est donc de 33,8 kg, et un Vidian vexé (mais galant) d'avoir tant porté, alors qu'Armelle gambadait gaiement!!

     He bien BRAVO OLIVIER!! Livraison des boules de polystyrène début juin, donne nous une adresse please! Y'a pas à dire, entre voyageurs, on se comprend. Toi, avec ton Singapour-Paris a vélo, c'est haut niveau!

Allez faire un tour sur http://www.singapourparis.com... ce n'est pas juste un site internet, c'est un chef d'oeuvre!


INSTINCT NOMADE débarque sur PARIS !!!

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Rendez-vous le samedi 7 juin 2008 pour fêter ça comme il se doit

Au 149 avenue de Clichy, 75017 Paris, métro Brochant à 20h30

Thème : saucissons, fromages, vins et autres spiritueux

Faites tourner l'info...

et annoncez vous à emmelineplanty@gmail.com

13 mai 2008

EUROka!

     Kalimera!

     Deja la Grece...pffffiou que le temps passe vite. Et dans quelques jours, retour aux sources...enfin des baguettes fraiches, du bon pinard et la joie de revoir vos p'tites gueules! En attendant, quoi de mieux que de revenir doucement, par la route, pour sentir la culture occidentale nous influencer comme la culture orientale l'avait fait jusque-la? Ecoutez...

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    Istanbul, c'est Bysance! A peine descendus du train, toujours en compagnie de Stephane et Amelie, nous atterissons dans Sultanahmet, le quartier ultra-touristique de la ville, ou se concentrent les sites "a ne pas manquer". De belles maisons en bois au style scandinave, de beaux jardins au style iranien, beaucoup de petits magasins aux prix qui le sont moins, bref...est-ce vraiment la Turquie? Toujours est-il que nous nous y plaisons...le petit shop d'a-cote vend des bieres, Stephane et Vidian sont heureux. Les filles, economes, piquent juste quelques gorgees par-ci par-la, car mine de rien c'est quand meme pas donne.
    Evidemment, il faut surtout eviter de les manquer, ces splendeurs qui attirent les touristes comme les mouches collees aux vitres de leurs bus, alors on y va...Nous extasions devant la grandeur de la Mosquee bleue, au style tellement different des mosquees iraniennes dont nous nous gavions jusque-la. Ce n'est plus de la ceramique bleue, mais des peintures ennivrantes qui ornent la gigantesque coupole. Et de la vulgaire moquette rose, pour remplacer les extraordinaires tapis persans...Les femmes, malgre les panneaux, ne se couvrent pas la tete, et ca choque Armelle et Amelie. Des petits restes d'Iran? On a change de bord, en traversant le Bosphore.

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    Puis, evidemment, la grande, tres grande Hagia Sophia, ou Sainte Sophie, cela depend si on est musulman ou chretien. Car cette basilique, au cours du temps, a ete utilisee suivant les influences par ces deux grandes religions. C'est un musee de nos jours (le tourisme=une religion?). Les musulmans ont eu de la chance que le choeur de l'eglise ait ete oriente (a quelques degres pres) vers la Mecque! Un gigantesque echafaudage monte jusqu'a la coupole, obsurcissant un peu l'espace grandiose de ce monument. Nous preferons monter a l'etage et contempler une superbe exposition de photos.

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    Pour terminer la serie, nous choisissons de visiter l'antique reservoir d'eau de la ville, sous nos pieds. Juste devant l'entree, deux jeunes nous donnent leurs tickets non utilises...Ca nous arrange, car le portefeuille se fait de plus en plus leger...Et decouvrons une magnifique citerne, sombre, mais eclairee par des spots colores, qui nous permettent d'apercevoir dans l'eau quelques carpes. L'ambiance est humide, il y fait presque froid. Nous restons la jusqu'au point d'en attrape un rhume.

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    Et puis evidemment, nous allons faire un tour au bazar d'Istanbul, le fameux. Au Ladakh, le bazar est juste "la ou on trouve le/les magasin(s)", dans le village. Au Pakistan, c'est un quartier de magasins qui vendent toutes sortes de choses pour les locaux. En Iran, c'est pareil, mais sous des voutes de briques qui provoquent une ambiance confinee tres speciale, tres privee. En Turquie, nous decouvrons cette ambiance, ces couleurs, mais de maniere disons...flamboyante. Des vitrines entieres de bijoux, de tapis, de cuirs. Du luxe, du luxe, du luxe. A des prix frisant les pris europeens, mais juste assez "cheap" pour que ca "vaille le coup". Mais c'est juste un delice pour les yeux. Nous nous regalons, sans pouvoir acquerir quoi que ce soit, a moins de se battre avec les vendeurs aux yeux remplis de dollars.

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    Et puis...c'est le temps des belles rencontres. Nos amis Stephane et Amelie repartent en stop vers Marseille (ils mettrons d'ailleurs moins de 48 heures, a signaler au guiness book des records du monde), apres avoir delicieusement fume le narghile tel un calumet de la paix. Il nous faut trouver de nouveaux amis. Armelle n'a pas peur, elle envoie une serie de mails a des gens qu'elle ne connait pas, en recherchant sur google "blog istanbul". Elle a bien fait.
   Nathalie nous emmene sur les quais de la Corne d'Or, derriere le pont, a gauche apres le marche aux poissons, pres des barcasses et leurs pecheurs, au coucher du soleil. Nous sommes au ras de l'eau, et elle nous parle de sa ville. On sirote un "ayran", boisson a base de lait. En Mongolie, ca s'apellait "airag", tiens? (D'ailleurs, en turc, la tente se dit "yourte", tiens?) Bref. Les chats sont a Istanbul ce que les pigeons sont a Paris. Quelques-un d'entre eux viennent se frotter a nos pieds, ajoutant du delice a cet instant. En partant, nous savons exactement ou passer nos prochains jours ici...merci Nathalie!

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    Quelques minutes plus tard, c'est Franck qui nous attend. Rendez-vous a l'embarcadere...on y est. La trentaine, cravate, malette, la panoplie pour bosser chez Peugeot! Mais quelques minutes plus tard, lorsque l'on arrive chez lui dans un quartier tres populaire de la ville, c'est tee-shirt et jean, et une adorable femme turque, Urun, qui nous accueille avec un grand sourire pour la nuit. Une soiree memorable a gouter des aubergines merveilleusement cuisinees, a siroter du Raki (genre de Pastis local), a raconter des conneries. Bref, juste a etre bien. Vive la jeunesse!

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    Le message est bien passe. Marie-France et Fred nous accueillent les jours suivants. Ils sont etonnants. Fous amoureux de leur petit chiot qui se fait les dents sur tout ce qui bouge, et super-actifs. Marie-France a, entre autres, un blog incroyable, lu par des tas de gens, d'ici ou d'ailleurs. Des posts chaque jours, a propos d'Istanbul, de tout et de rien, et de belles photos. Leur accueil est grandiose aussi. Ils nous emmenent meme au restaurant gouter des specialites turques...Installes ainsi dans le quartier des grands magasins, Armelle devient folle. Le tapis d'orient une fois renvoye en France, il y a de la place dans les sacs. Alors ce n'est pas des minutes, mais des heures qu'elle passe dans les reperes de fringues pas cheres, et se refait sa garde robe pour 20 euros. Que ca fait du bien de se sentir femme et de pouvoir enfin abandonner ces vieilleries, qui n'ont pas fait la guerre, mais l'hiver en Mongolie et au Ladakh, et c'est deja ca! Et puis etre un peu sexy, la ou au Pakistan et en Iran, c'etait interdit! Coup de ras-le-bol? Armelle se fait meme couper les cheveux pour 2,50 euros.

     Treve de luxe...Nous decidons de faire un tour dans les quartiers de Fener et Balat, respectivement anciens quartiers grec et juif ou habitent maintenant des populations qui ne parlent meme pas turc. Mais nous approchons de la Mediterranee, avec les gestes, on s'en sort tres bien...Nous visitons quelques anciennes eglises orthodoxes reconverties en mosquees, ce qui fait toujours un drole d'effet. Et nous asseyons quelques instant avec des petites vieilles qui tricotent et nous offrent des simits, genre de bretzels locaux. Puis rencontrons des jeunes, le ballon au pied, qui crient quelques "money, money" a notre passage, sans trop y croire, bien plus interesses par notre appareil photo devant lequel ils font les beaux...

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    Il est temps de partir...Istanbul nous laisse sous un ciel gris charge d'orage et de regrets. Nous traversons la mer de Marmara pour commencer a faire du stop sur le chemin de la Grece.   

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     Le stop, un peu galere a 20h. Et puis...pas tres recommande. Nous ne sommes pas arrives a destination, alors decidons de nous arreter une nuit a Cannakale, et de poser la tente quelque-part. Pourquoi pas la, pres de cet immeuble? Des petits vieux papottent au coucher du soleil. Ils nous voient approcher, et mimer sans assurance une tente, dormir, juste une nuit, possible? Un geste de la tete timide nous donne l'autorisation. "Ils sont curieux, ces etrangers!" doivent-ils se dire. Pas si curieux, puisque quelques minutes plus tard, c'est un vrai festin que nous voyons debarquer sous nos yeux. Les Turcs sont geniaux. En Iran, nous etions invites. Ici, les gens s'arangent pour que vous n'ayez meme pas besoin de vous deplacer. La demi-douzaine de voisins de l'immeuble apporte chacun sa pierre a l'edifice, et un diner s'improvise sur la table du jardin, eclairee par une ampoule blafarde. La soiree se termine par des rires aux eclats, et des bribes de paroles mi-turques mi-anglaises que s'evertue a traduire des jeunes lyceennes, trop contentes d'appliquer ce qu'elles apprennent a l'ecole et craner devant les adultes. Armelle essaye bien de marier son frere a une jeune fille de 20 ans aux ongles parfaits et au sourire ravageur, mais son pere repond par un geste du genre "coupe-coupe!". Eh oui Pierrem, si tu veux epouser une musulmane, il faudra te faire circoncir!

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     Bozcaada, une ile ou l'on prend son temps. Un bac nous depose sur cette petite ile turcque tres mignonne a l'accent mediterraneen. Un vieux fort a la Vauban domine le village de pecheurs. Des chats attendent le rebut des filets. Un bar semble nous tendre les bras. Nous allons nous sentir bien ici. Nous passerons trois jours au rythme insulaire de Bozcaada.
     Le Polente. C'est un bistrot pas tres loin du port, un lieu de vie et de rigolade. Le serveur ressemble a un windsurfeur, bien carre, des cheveux de paille et portant toujours des t-shirt barioles. Le patron, veste en jean's et lunettes de soleil, a une allure Jonnhy Deppienne. Un autre homme au cheveux longs en catogan et portant un chapeau de cowboy, a un petit air hispanique. Il souffle ici un gout d'ailleurs. Nous ne nous sentons pas vraiment en Turquie et le chant du muezzin semble se faire plus discret. Le Polente est un batiment blanc borde de bleu, grignotte d'un cote par de la vigne vierge et ouvert au vent de l'autre. De grosses enceintes distillent une musique jazzy parfaite pour le farniente. Des photos excellentes de la vie insulaire, des copains du bar et des eoliennes de l'ile ont ete tirees sur planche et tronent sur les murs. Superbe. Nous passons beaucoup de temps attables a ecrire, boire des thes (1 YTL, soit 50 centimes d'Euros) et jouer au Tavlia (Baggamon). Il y a toujours un vieux bedonnant qui porte des "Rayban" reflet argent et qui arrive en scooter jaune. Il est la et regarde le monde vivre autour de lui.

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     De vieux pecheurs sont assis a l'ombre d'un pin. Ils discutent en hameconnant des lignes de peche. Du gros fil de nylon jaune est enroule autour d'une chaise en plastique blanche, et vient choir dans un panier en osier apres l'ajout d'un hamecon. Les tasses de the a la forme ondulee ne sont jamais loin. Une large main bronze vient choisir un hamecon au bout d'une ligne courte, puis vient faire un beau noeud de pecheur avant de le serrer a l'aide d'une pince et d'epingler le crochet sur un boudin de mousse qui ourle le panier. Des gestes digne d'un opera. Nous sommes fascines par ce ballet qui se repete inlassablement. Saturnin (son nom ressemblait a ca), le vieux a la casquette de capitaine usee, nous offre un the. Un autre s'occupe de sa ligne. Deux vieux semblent donner des conseils de loin. Le dernier fume et lance les discussions. Nous serions bien partis a la peche avec eux demain mais cela leur est interdit et les gardes-cote veillent.

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    Une journee en scooter. Voila bien le seul luxe qu'on s'offre! Nous continuons a vivre sous la tente et manger des sandwichs au thon et au fromage, mais cela nous permet de craquer un peu. Les fibres motardes de Vidian le demangent et nous partons en 50cc sur les routes de Bozcaada. Pas de bol, le temps se couvre et le vent, omnipresent ici, entame largement notre vitesse de croisiere. Ce petit deux-roues nous entraine tout de meme vers la beaute des eoliennes situees a la pointe de l'ile. Le manque de luminosite et de contraste ne nous permet pas de rivaliser avec les photos du Polente mais qu'importe, nous passons un bon moment. Tout les soirs se posent aussi la question du lieu du bivouac. Le stop nous avait permis de tester un bout de rocher au sud de l'Ile, le scooter nous permet de choisir une petite plage dans une crique minuscule. Notons qu'a deux avec nos sacs a dos sur le pauvre deux-roues, celui-ci aura eu bien du mal dans les montees abruptes!

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    Vive les marins! Debout sur les pattes arrieres, des chats attendent les restes des poissons qui se font tailler en filet. Des francais en bateau ont commande un poisson qui ressemble a une dorade. Ils ont un beau Ketch (2 mats) blanc et bleu que nous partons observer avant l'arrivee des proprietaires. Quatre navires ont jete l'ancre dans le petit port de Boczaada. Une femme, cheveux blanc au carre, un verre a la main, nous salue dans un anglais parfait. Elle est irlandaise et voyage avec son mari espagnol. Nous voila vite invites a bord pour l'apero. Un petit blanc et des chips font notre bonheur. Nous passons un super moment ballotes par les mouvements epais de la houle. Avant de les quitter, ils nous souhaitent du bonheur dans notre vie et de continuer a etre si curieux. Nous les remercions et leur souhaitons d'etre toujours aussi accueillant!! Nous avons a peine lasse nos godillos (nous aurions fait de belles marques noires sur le voilier si nous les avions gardees) que les voisins francais nous invitent pour le dejeuner. Nous sommes attables dans le carre, du rouge dans nos verres, des spaghettis dans nos assiettes, et des etoiles dans les yeux. Deux couples, la cinquantaine, naviguent depuis quelques temps en mer Egee. Beaucoup de questions dans les deux sens, sur le voyage, les rencontres. Clothilde, la maitresse de maison nous fait un peu peur, mais son mari est sympa. Un vrai look de marin, la peau tannee, les mains larges, les cheveux blanc coupes court, une bonne descente. Les fraises en dessert finissent de nous charmer.

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     Sur la place du village, Vidian stoppe devant une vieille Renault 12 qui porte sur son toit une belle planche de windsurf et qui cache sur ses banquettes des ailes et des planches de kitesurf. Un grand gaillard attaque en anglais et nous nous lancons dans un long conciliabule sur le vent et les plaisirs de la glisse. Yan est suedois et travaille avec un ami turc sur un projet d'ecole du vent sur la cote nord de l'ile. Il nous invite a diner et planter la tente dans son jardin. Le soir meme, nous marchons une demi-heure d'un bon rythme pour gagner sa bicoque de beton peinte en vert. Un verre de rouge du coin dans la main, nous papottons en grignotant des crackers. Yan cuisine. Le contact est facile. Nous ouvrons la deuxieme bouteille de medoc en parlant de la Finlande. Un vin jeune assez fruite, legerement rapeux en bouche. Le poulet aux oignons et la salade a l'aneth nous font du bien. La troisieme bouteille de picrate est largement entamee lorsque nous commencons a parler de Mustafah Kemal Attaturk, le pere de tout les turcs et fondateurs de la republique de Turquie. Un homme exceptionnel. Armelle a arreter de boire depuis la deuxieme bouteille. Vidian ressort les crackers. On passe sur leur projet, le concept, la cible, le potentiel de l'ile, le developpement futur...Quatrieme bouteille. On commence a parler un peu fort. Nous repartons rechauffe dans la nuit gagner notre tente, planter dans les vignes a quelques centaines de metres, et en profitons pour faire n'importe quoi avec une lampe torche qu'ils nous ont pretee. Merci a vous les voileux!

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    Le stop, ou les rencontres en roulant. Le bac nous depose sur le continent. Boczaada, c'est fini! Un groupe de   Slovaques adorables nous propose un "ride", autrement dit on monte avec eux en voiture. Nous sommes 7 dans une petite Fiat Punto. A deux sur le siege passager avant, nous roulerons ainsi pendant pres d'une heure jusqu'a Ezine. Bye et merci les gars! Il est tard. Une session internet nous permet de savoir que nous sommes le 8 mai, jour de l'armistice! Nous lorgnons sur un boui boui et craquons pour un 'pide'. Non, ce n'est pas l'objet de porcelaine blanche qui trone a cote des toilettes mais une sorte de pizza a la turcque. C'est excellent et pas cher! Puis nous repartons dans la nuit, toujours sans lampe, a la recherche d'un espace pour planter la tente.
    7h, la montre sonne. Le soleil s'est leve. Ouf. Vidian ouvre les yeux. La tente s'illumine. Armelle se rendort. Et dire qu'hier un troupeau de brebis est passe devant notre tente sans nous apercevoir! Un jean's sur les fesses, Vidian sort et contemple le bivouac. Notre abri de toile est pose entre un vieux camion leche par les herbes hautes et la cloture d'un grand batiment. Devant nous, un chemin de terre et de bitume et un canal ou chantent les grenouilles. Nous sommes a quelques encablures du centre d'Ezine. Un tracteur passe en ronflant. Un homme vient nous offrir deux pains tout chaud, juste sortis du four de la grande batisse contre laquelle nous sommes. Une grosse dame en robe noire passe. Un jeune homme arrive vers nous avec un plateau. C'est pour nous? Deux thes, du sucre et un pot d'olives. Baigne dans le soleil, assis sur nos sac, nous savourons autant le festin que le moment. Un homme presse en costume marche en nous observant.

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     Nous plions le camp et levons l'ancre en remerciant nos boulangers adorables. Un cheval noir broute au milieu de nouvelles tours d'immeubles. Nous marchons le long de la route le pouce leve. Voici des champs bien verts. Une premiere voiture nous prend, et fait un detour pour nous poser sur la grande route du sud. Avec quelques gestes, des mots et des sourires, nous nous faisons toujours comprendre. Le support de la carte aide particulierement bien aussi. Puis se seront beaucoup de camions ensuite. Trois chameaux paissent au milieu d'un troupeau de mouton! On se prend a re-inventer la vie des chauffeurs en interpretant leurs gestes et leurs mots turcs incomprehensibles. "Il a arreter de fumer depuis trois ans" va bien mieux a ce moustachu que "je fume trois cigarette par jour"! Une superbe clio nous prend. Mehmet, son pilote, est conseiller technique et commercial pour Renault. Il s'arretera sur un beau promontoire au dessus de la mer pour nous offrir une pause the au soleil. Et aussi un coup de telephone a son responsable qui parle francais. " Vous etes avec un ami qui travaille dans une entreprise francaise dans une voiture francaise, vous n'avez rien a craindre". Et puis, evidemment, la photo souvenir qui va bien.

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     Puis des camionneurs se relaieront pour nous faire avancer a la vitesse de 70 km/h. L'un deux nous invitera meme a dejeuner chez lui. Une batisse blanche, une cour et une vaste etable, des toilettes turques (evidemment) a l'exterieur. Apres la presentation de la famille, nous dejeunons sur une petite table. Aubergines et autres legumes marines, du pain maison, du fromage maison et de l'ayran (yaourt sale) maison. On se regale. La grand mere est la, avec sa voix rauque et son sourire eternel pour mettre l'ambiance. Avec quelques mots de farsi (Iran) et de francais, nous parlons finalement turc! Beaucoup de ressemblances en effet. Nous buvons quelques thes avant d'avaler un fanta chez la voisine et reprenons la route. Un autre routier puis une camionette avec deux turcs sympas qui nous offrent des bananes.

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      Finalement, c'est un jeune en Renault Magane neuve qui nous emmene a notre destination. Kaan travaille pour Europcar en tant que chauffeur. Il passe quelque coup de telephone et nous depose devant une agence de voyage pour prendre nos billets pour les iles grecques a pas cher. Tres sympa. L'agence de voyage gardera nos sacs jusqu'a 22 heures. Il faut noter que la plupart des magasins ferment vers 23 heures...Rythme mediterraneen. De vadrouille a la recherche d'un bivouac urbain, nous tomberons encore une fois sur Kaan, d'Europcar, qui nous offrira des sandwichs, des cocas et des bieres. Il nous proposera meme de nous donner 20 YTL pour prendre un coup en pensant a lui. Nous refusons illico, c'est le double de ce qui nous reste avant de gagner la Grece demain! Une fortune pour nous, mais dont nous n'avons pas besoin.
    Qu'on se le dise, le stop en Turquie est une affaire qui roule!!

    Europe, ca fait mal. Dernier controle des passeports.Tickets a 30 euros. Aie le portefeuille en prend un coup. Bienvenue en Europe! Un teuf-teuf nous promene pendant une bonne heure sur une mer d'huile vers l'Ile de Samos. Des Americains squattent une aile du bateau. Casquettes vissees sur la tete, ils conversent, tres a l'aise. De l'autre cote, des Neerlandais aux coups de soleil fantastiques jouent avec leurs enfants. En bas, un groupe de Chinois chantent, accompagnes par la guitare d'un G.O. Une Coreene microscopique en pantalon noir se fait photographier a cote d'une rouquine obese en robe a fleur. Le Coreen est content mais il ne le montre pas. Une heure de bateau, il peut s'en passer des choses! Nous, on fait secher nos serviettes contre la rambarde, et Vidian enfile ses lentilles, comme il le fait si souvent, c'est a dire n'importe ou!. On se corrige mutuellement aussi, tant sur notre vocabulaire que sur nos sujets de conversation. Nous rentrons en Europe et bientot, les gens finiront par nous comprendre dans la rue.

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      Voila des petites maisons accrochees a la montagne. Nous passons par la file "citoyens europeens". Cela veut dire beaucoup pour nous. Les autres font la queue. Nous realisons que nous sommes vraiment sur le retour. Nous "stoppons" jusqu'a Pythagorio de l'autre cote de l'ile. Des Italiens nous posent a la marina. Nous ratons de peu l'occasion de partir avec un superbe voilier (X412!!) vers Malte. Mais la proposition nous prend de court et...l'affaire tombe a l'eau. Pythagorio, un port de peche adorable borde de bars et de restaurants. Les prix sont en euros. Fini la gymnastique de l'esprit pour connaitre la valeur des choses. Et ne surtout pas convertir en roupies indiennes, pour ne pas avoir d'attaque cardiaque...! Un pas de plus en l'Europe. Mais le reflexe de la conversion nous manque finalement. Un charme en moins. Quelques elements ne changent pas neanmoins. Le cafe le moins cher est le cafe grec, avec autant de marc que le cafe turc. Et puis nos parties de Tavlia aussi. Petite session plage (de galets) avant de se rapatrier rapidement dans un bistrot pour ecrire. Nous passerons la nuit entre les ruines d'un vieux chateau (genois?), juste au dessus de la mer, a cote d'une belle eglise blanche orthodoxe.  De tres nombreuses motos font presque tourner de l'oeil Vidian. Impossible de trouver un voilier en route vers les cyclades. Tout le monde file vers la Turquie.

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     Nous embarquons pour l'ile de Syros, dans les cyclades, le 11 dimanche mai 2008. Un immense paquebot qui nous rappelle les navires de la mer baltique pour Stockholm ou Talinn, lors de notre annee Erasmus en Finlande. Sur le "deck" au soleil, nous observons Samos qui s'eloigne. Un groupe d'adolescentes trepignent et rigolent pres de la rembarde. Un jeune homme ressemble etrangement a Sahid..mais oui, c'est lui!! Un de nos comperes du train entre Teheran et Istanbul, et candidat a l'immigration clandestine. Il est rempli de bonheur et nous raconte ses peripeties. Son sejour a Istanbul, son arrivee a Kusadasi, ses nuits "a la belle" sur une pointe de la presqu'ile, sa traversee de plusieurs heures a la nage du bras de mer separant la Turquie de l'ile grecque de Samos. Il se fait attraper par les gardes-cote grecques qui lui donnent finalement un permis de sejour d'un mois en Grece. Une facon pour eux de fermer les yeux. Il a ainsi pu acheter son billet de bateau pour Athenes en toute tranquillite. Un peu de temps dans la capitale grecque, puis se cacher dans un conteneur pour l'Italie, changer de passeport puis filer vers Paris et Londres. Quel vie de deracinee! Ses compagnons ont rebrousse chemin a Kusadasi...il exulte, le pere Sahid!    

     Syros, les Cyclades. Nous ne nous perdons pas en route comme Ulysse et arrivons commes des fleurs a Syros. Nous resistons aux chants des sirenes qui nous proposent de superbes chambres (hors de prix) mais repondons a un gros bonhomme jovial qui nous fait un prix defiant toute concurrence. Quatre jours sans douche. Nous sommes dans un pays civilise, une petite douche ne nous fera pas de mal. Des volees de marches plus loin, nous posons les sacs et ressortons nous rafraichir dans l'air marin de l'ile. Petites maisons de chaux blanche ou coloree, des marches et des ruelles pavees, nous sommes conquis par le charme de la petite ile de Syros. Quelques navires partent vers la Turquie, les rencontres avec leurs passagers sont sympas mais les destinations ne sont pas les bonnes. Eux debutent leur vacances, nous sommes sur le retour. Nous profitons de l'ile pour nous reposer, boire quelques bieres et cafes et inevitablement jouer au Tavlia, qui nous obsede.

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    A l'heure qu'il est, nous sommes en train d'ecrire nos dernieres lignes dans un cyber cafe du port. Nous partons vers Athenes demain, puis gagnerons Patras ou nous prendront un bateau pour Ancona, en Italie. Juste le temps de passer chez un cousin de Vidian puis direction Lyon. Back to France. Notre Bretagne natale nous appellera vers la fin mai puis les amis expatries a Paris debut Juin. Mais d'ici la, ne vous inquietez pas, vous aurez de nos nouvelles!
   
   ATTENTION, Grand jeu-concours organise par Instinct Nomade. Nous avons deux sacs a dos de 50 et 55 litres chacuns, pesant respectivement 14 et 10 kilos a Teheran. Sachant qu'Armelle a trouve de fantastique magasin de fringues a Istanbul, que Vidian lui a interdit d'acheter de nouveaux tapis mais qu'Armelle l'a supplie de jeter son vieux pantalon gris. Nous admettrons que l'appareil photo est hors sac et que nous avons mis nos paires de grosses chaussures de marche de 1,3 kg chacune a l'interieur de nos sac. Supposons egalement que nous allons passer rapidement par Athenes et par l'Italie, et que nous n'avons pas encore pu acheter tout les presents pour nos famille et nos amis, mais qu'il ne nous reste que peu d'argent...Combien peseront nos sacs a l'arrivee a Lyon??
    Le
s gagnants de notre grand jeu recevront le poids de nos sacs en boule de polystyrene!!

     Sachez que cela nous fait un sacre drole d'effet d'ecrire ainsi notre dernier post a l'etranger. Le prochain sera surement ecrit de France. Ce post vaut une petite fortune en euro vu le temps passe, mais nous vous l'offrons avec plaisir. Armelle pleure en ecrivant ces lignes.
    
Nous pensons tres fort a vous tous et esperons faire un grand tour de France cet ete pour tous vous revoir et vous serrer dans nos bras, toujours en stop bien evidemment!! Nous attendons vos reponses avec impatience.

     Dawa et Nilza.

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2 mai 2008

Toujours plus a l'ouest...

    Salaam toujours !!

    Avis a la populass'. Nous ferons une breve irruption sur les ondes francaises le dimanche 11 mai 2008 dans le cadre de l'emission ''Au detour du monde'' sur France Inter, entre 16h et 17h. Pour les non connectes au reseau hertzien, nous mettrons bientot l'enregistrement sur le blog...
    Et somme intervenus 5 minutes hier sur la radio suisse Couleur 3! Trop court pour raconter les milliards de choses que nous avons en tete, mais experience tres sympa!

    Un passage mythique. Il etait 23h le 27 avril dernier lorsque nous avons traverse, en plein coeur d'Istanbul, le detroit du Bosphore, qui separe les terres d'Asie de l'Europe geographique. Une nouvelle etape commence pour nous, et qui sonne comme un retour aux sources...

    Mais revenons a l'Orient et nos derniers moments en Iran, entre villes legendaires et cime enneigee...

    Amir, nomade Qashgai. Alors que nous deambulons dans le bazar el Bozorg d'Isfahan, un homme nous aborde. Cela devient une habitude. Il parle francais le bonhomme, et s'agrippe a nous. Il parle, nous marchons. Il gagne le premier poınt lorsque nous stoppons pour l'ecouter plus attentivement. ''La-bas, la teahouse est fermee et de toutes les facons, ils vous feraient des prix de touristes. Par contre, j'ai une botte secrete...''. Et nous voila a suivre notre bougre aux cheveux gris dans les ruelles tournicotantes du bazar. Un vieil homme bavarde avec deux jeunes barbus dans un coin. Un marchant d'epices nous fait les yeux doux. Soudain, sans meme nous en rendre compte, un plateau contenant trois tasses, des soucoupes, un pot de the bouillant et un peu de sucre nous tombe dans les mains.

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     Retour a Imam Square (deuxieme plus grande place du monde, apres Tien An Men) sur les pelouses, a deguster notre breuvage au coucher du soleil. Notre gentil monsieur s'avere en fait etre ne dans une tribu nomade appellee Qashgai. Peuple d'Iraniens turquifies nomadise au nord-ouest de Shiraz. Genial. Les nomades viennent a nous. Et c'est avec des etoiles dans les yeux que nous buvons les paroles d'Amir, c'est son nom. La vie sous la tente, faire paitre les troupeaux, fabriquer des objets a la main pour gagner son pain, la transhumance jusqu'au golfe Persıque...Nous revivons nos dernieres aventures avec les nomades mongoles avec une certaine nostalgie...et de nouveaux projets naissent dans nos cerveaux en ebullition.

     Trois a quatre mille nomades Qashgais vıvent en Iran, organises en grandes familles regnant sur de larges portions terrıtoriales, bien souvent desertiques. Moutons, chevres, chameaux, anes et chevaux servent de betail et d'animaux de bat. Des tentes carrees, des tapis somptueux et de gros coussins. Nous croyons sentir les odeurs de moutons par bouffees. Partir tout de suite vivre avec eux est une idee qui remonte des entrailles et qui vient saisir nos coeurs et les tordre pour en sauver l'essentiel: l'aventure, l'echange et le lien entre les peuples. Bouvier parlait des Qashgais comme des ''brutes a la peau noire''. Notre bonhomme est petit, le teint clair, une tete ronde et les yeux clairs. Il prend une photo avec son portable. Il vit maintenant en ville et prefere emmener des touristes en ballade avec sa voiture, essentiellement le matin. L'apres-midi, il le passe a discuter avec les copains. Il est aussi professeur d'anglais a ses heures perdues. Tiens, voila des jeunes fılles qui se posent a nos cotes pour une photo, et qui repartent comme elles sont venues, comme des fleurs. Echange de regards et eclat de rire. L'une d'elle se penchera peut-etre un peu pres de Vidian...Deuxieme the, troisieme the. Armelle enfile un pull, ca se rafraichit, Amir passe en anglais.

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    Les histoires de mariage, de sexe et de liberte tiennent une place preponderante dans nos discussions. L'engagement maritale est assez particulier dans la culture nomade. De l'exotisme, vous en voulez? Alors c'est parti, ouvrez les chacras et teleportez-vous dans une conscience orientale. Rencontrer un homme ou une femme releve de l'expedition. Les parents de l'homme ayant repere une femme potentielle pour leur fils invite celle-ci et sa famille chez eux. La fille en question, agee entre 14 et 17 ans, prepare le the et propose a son pretendant, qu'elle voit pour la premiere fois. En quelque secondes, ce dernier doit jauger la pretendante. En prenant la tasse en main, il accepte d'aller plus loin. L'inverse est ''eliminatoire''. Si la femme est egalement en accord avec ce premier choix, ils se rencontrent. Dans la meme piece, une nuit entiere va leur permettre de discuter de leurs gouts, de leurs qualites et defauts, de leurs projets...C'est a ce moment precis que l'homme doit verifier l'etat des cheveux de la future mariee, point o combien important. Maıs la ''grande classe'', c'est qu'il est le seul a pouvoir lui demander de se deshabiller devant lui pour jauger de la valeur physique de la demoiselle. Regard expert du nomade sur son futur betail. Attention cependant a ne pas s'egarer! Y'a plus de the. Amir poursuit. Si les epoux sont satisfaits de leur dicussion, ils convoquent le lendemain le mollah, qui les fiance. Voila une affaire rondement menee. Il faudra attendre un petit mois pour celebrer le mariage avec les amis, une grosse fete a priori. Il y a aussi une histoire de vieille femme, de drap, de sang et de virginite, mais cela manque franchement de poesie.

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    Nous faisons amis-amis avec notre gentil nomade. La nuit nous est tombee dessus sans que l'on s'en apercoıve. Plongeon dans l'obscurite. Amir nous rencarde sur les boui-bouis du quartier, parle d'un petit tour en voiture avec lui, evoque la bonne boustifaille d'Isfahan et nous livre quelques secrets sur la vie du Bazar...Commence a faire froid. L'humidite de la pelouse remonte sous le pantalon, et rend la peau moite et collante. Une moto au son ecorche nous frole presque. Mais...Qu'est-ce qu'elle fait la cette becane d'ailleurs?? Nous passerons encore de bons moments avec lui. Visiterons les ponts de la ville de nuit, irons fumer le Qalyan (narghile), observerons les tremblements de minarets qu'il est possible de ''secouer'' a la main, et discuterons maintes fois autour de thes interminables...Amir nous indiquera aussi le passage secret pour atteindre le toit du bazar, et nous y retournerons tous les soirs entre 18h40 et 19h, juste pour contempler l'Imam Square au coucher du soleil, et secretement observer le va-et-vient du bazar depuis les hublots...

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    Secrets de bazar. Apres les visites matinales des magnifiques mosquees d'Imam Square, nous retournons aupres d'un marchand au sourire franc et au parler sincere. Nous ne croyons pas au hasard. Son arriere grand-pere etait aussi un nomade Qashgai. Notre instinct a du flair! Nos yeux se perdent dans le bleu des turquoises. Une paix interieure nous gagne bientot. Le paternel arrive, legerement bedonnant, une couronne de cheveux blancs au style monastique posee sur son crane luisant. Du sang seche forme une petite croute qui pendouille sous son nez comme un grimpeur sous un surplomb, et retient notre attention...
    Il nous emmene decouvrir la fabrication des ceramiques qui recouvrent les mosquees d'Iran et d'Orient. De sacs de bouteilles de verre vides trainent dans un coin de l'atelier. Ecrase, malaxe, le verre se transforme en poudre blanche ultra-legere, qui servira a glacer les carreaux, afin de resister aux intemperies. Un homme est penche au-dessus d'une grosse pierre: l'artiste cree des couleurs. Pres de lui se tient le four, chauffant a plus de 700 degres les carreaux de faience. A l'etage, le maitre donne l'exemple aux cinq etudiants de tous ages qui tirent la langue en dessinant. Des patrons de papiers, dont les petits trous laissent echapper une poudre grise dessinant la base, aident les artistes a tracer des lignes nettes. D'autres appliquent de belles couches de couleurs. Relief colore. Trois cuissons seront necessaires: une pour le carre de faience, une autre pour le fond de couleur et la derniere pour fıxer les motits. Le maitre preside la seance de travail. Ses pantoufles sont sans age, eternelles. Il nous salue d'un grand sourire.

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    Les rues couvertes du bazar sont percees de lumieres par endroits. Aussi regulieres qu'une respiration. Notre guide nous parle, evoque d'autres passages mysterieux. Vidian semble ne rien comprendre, captive par les mouvements qui animent la petite croute au bout des naseaux du monsieur. Atelier de teinture. Un vaste hangar obscure. Bacs de beton, faible rayon de soleil, boule de fil a teindre et autres pantalons...sur un fil. Questıon de feeling (juste pour le mauvaıs jeu de mots!). Noire est la couleur du jour. Un pigeon roucoule sur le rebord d'une vieille planche de bois. Un sacre foutoir derriere le volatile! Une autre petite echoppe degage une impression colore. Il s'agit d'un imprimeur sur tissu. Un beau travail de precision quı laisse derriere lui de chouettes nappes. Les explicatıons de notre ami sont geniales...et toujours sa petite croute rouge qui s'agite frenetiquement.
    Passons chez un ''epicier'', a savoir celui qui cree les epices. Ici, elles sont moulues en meme temps que naissent des pigments naturels pour colorer les tapis. L'ecorce de noix de cajoux donne le brun, la peau de grenade la couleur blanche. Au passage, notons que le curry est un melange de sept epices differentes. Nous avons la chance de sentir et meme gouter de nombreuses epices comme le safran, la canelle ou de la poudre de citron, parfait pour assaisonner le riz parait-il !
    Un autre imprimeur nous presente des modeles, des trames pour le dessin des tapis. Les nomades ne suivent aucun de ces plans. Ils imaginent les motifs dans leur tete, ce qui implique souvent des erreurs et des irregularites signifıcatives des tapis nomades. Notre guide nous ouvre les portes de son stock, une vaste piece recelant les plus belles merveilles. Des portraits de nomades trainent sur les murs ca et la. Deux femmes suedoises viendront troubler notre conversation, et depenseront bien plus d'argent que nous n'en avons pour tenir jusqu'au retour en France...Mais nous, qui n'allons rien acheter, sommes heureux pour notre ami qui nous a si gentiment fait decouvrir son univers.

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     Teheran, la grande. Arrivons dans la capitale Iranienne apres un long cafouillage en bus (arret a Kashan rate), vers 22h. Remettre nos sacs sur le dos, nos pochons dans la main, engloutir un sandwich en cherchant la bouche de metro, attendre le terminus puis negocier severement un taxi. La chance nous sourit encore une fois, nous tombons sur un jeune sympa qui nous depose devant l'immeuble. Kianouch Dorrani. C'est ca. Dring. Le reste tiendrai presque de la magie. Des lumieres douces, de vieux fauteuils dans lequel on s'ecrase, des noix de cajoux qui craquent sous la dent, la fraicheur de grains de raisins gros comme des prunes, mais surtout le bruit vivant des glacons dans le verre, comme de minuscules bulles qui eclateraient la gangue de glace pour venir exploser a la surface et contre la paroi. Une vodka a l'anis glacee termine de nous plonger dans un bien-etre planant. Notre hote nous questionne autant que nous l'interrogeons. Un moustique tourne autour de l'abat-jour, imperturbable. Kianouch est Iranien d'origine, mais son coeur semble en France depuis bien longtemps. Etudiant a la Sorbonne, il s'amourache de notre pays et decide de partager sa vie entre ces deux nations. Par ses questions tres "journalistiques" (deformation professionnelle!), il nous fait realiser d'autant plus le cote exceptionnel de notre aventure mais aussi la vraie chance d'etre citoyens francais, accueillis et apprecies dans le monde entier. Il est presque 1h30 lorsque l'insecte finit par se bruler contre l'ampoule incandescente. C'est l'heure de se coucher.

     Teheran est une ville immense, tres etendue et dont le traffic nous rappelle que nous sommes toujours en Orient. Les femmes arborent des tenues plus decontractees, et la partie de cheveux non recouverte du voile se voit parees de mille couleurs, teintures, perles ou autres mises en pli etonnantes! Nous voyageons surtout en bus et a pied et les trajets peuvent facilement prendre des heures. Nous en profitons pour observer la vie, les gestes, les habitudes, les sourires, et le comportement des automobilistes qui peut aller tres, tres loin dans l'absurde.

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    Le journal. Parmi nos peregrinations "teheranesques", nous aurons la chance de visiter les locaux du plus ancien quotidien d'Iran. C'est Amelie, journaliste francaise installee en Iran depuis quatre ans, qui nous offre cette opportunite. Passionnee de la Perse et du dialogue entre les religions (petite these en vue), Amelie est ultra-adorable. Chacune de nos discussions nous permettra de mieux cerner l'Islam, la vie iranienne complexe et les femmes. Un manchot adorable nous ouvre toutes les portes de l'immense edifice. Le journal a plus de 83 ans. Un gros travail d'archives est en cours. D'anciens tirages reposent sur une table en verre, des hommes s'activent pour retoucher les numerisations, une femme met en page l'edition du lendemain... Le passage entre les machines d'impression nous, comment dire, impressionera! Des rotatives ultra-rapides, des journaux qui filent a toute beurzingue, et la figure mythique d'un homme lisant le journal du jour, accoude a une pile de papier inimaginable. Un super moment.

     Mont Damavand, enfin de la fraicheur! Nous etouffons un peu dans la capitale et decidons de mettre les voiles vers le point culminant d'Iran, un volcan nomme le Mont Damavand. C'est une rencontre au Ladakh qui avait mis la puce a l'oreille de Vidian. "Un sommet pas tres technique et qui s'eleve a 5672m" avait dit Jean-Marc. Nous prenons un bus sans rien savoir d'autre de plus, et avec un sac minimaliste. Pshiit, roarrr. Le bus repart apres nous avoir laisse sur le bord de la chaussee face a l'immense montagne. Ok. Taxi hors de prix, nous partons sur la route du village a pied. Inch'allah!! Ce refus nous vaut d'etre repere, et finalement d'etre embarque par le-dit taxi avec les amis du conducteur. Punaise, c'etait pas tout pres en fait!!
     On avale un sandwich a la saucisse, sur une vieille table brinquebalante. Un jeune nous propose de grimper avec lui dans son 4x4 pour monter au premier refuge. Combien?? 30 dollars?? Non merci, mooonsieur. La famille d'handicapes de l'echoppe clopine devant l'unique rayon. Fromage a tartiner, galette de pain, un gros cervelat, deux boites de thon, deux paquets de biscuits et une plaquette de chocolat feront l'affaire pour les deux ou trois jouirs qui viennent. Un hollandais rentre dans le magasin et un sourire engage la conversation. Il part en 4x4 au premier refuge et propose de nous y emmener. Nous sommes benis des dieux, lui et sa femme sont adorables. Ils vivent dans une peniche a Amsterdam, c'est genial! Nous depassons des marcheurs plies sous le poids des sacs. Courageux les gars! La route est defoncee mais ca passe. A peine arrivee au refuge, qui tient dans une petite mosquee au clocher dore, nos amis nous proposent un cafe noir alors qu'un orage se profile. 3027m indique l'altimetre. Le breuvage brulant coule dans nos gosiers quand il se met a neiger. Le ciel est charge de nuages gaves de poussieres, ce qui donne une couleur orangee tres particuliere. Le sommet est perdu dans le brouillard, le vent se leve et les marcheurs polonais arrivent extenues. Tout ce petit monde se retrouve dans la piece unique au beton froid. Nous n'avons pas de lampe frontale ni de matelas. Une couverture parterre fera l'affaire, nos amis ont des bougies et des torches. Super. Nos Hollandais nous offrent des nouilles a la tomate. Nuit tranquille.

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    Au petit matin, Vidian sort le premier et decouvre John le hollandais le nez en l'air. Le temps est magnifique, le sommet decouvert et une mer de nuage flotte dans la vallee plus bas. Un petit-dejeuner magique entame la journee de grimpe. Apres 4 heures de marche entre les rochers et la vegetation basse et les neves, nous atteignons les premiers le camp de base a 4200m. Nous sommes encore acclimates a l'altitude et cela nous va bien! Fait bien froid. Les autres comperes nous rejoignent bientot et les Hollandais nous offre encore de bons cafes. Vidian pousse jusqu'a 4400m pendant qu'Armelle fait la sieste. John et Dette decident de ne pas tenter le sommet, Armelle n'est pas suffisament equipee et redescendra avec eux demain.

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     Trois heure du matin. Vidian se leve doucement et attaque du pain et du fromage avant de grignotter des biscuits dans le noir. Les polonais sont prets. Les reflexes de guide de Vidian prennent le dessus et le voila en tete de colonne. 4400m, il recupere le sac des filles polonaises. 4500m, un des gars abandonne. 4650m, le deuxieme aussi. Vidian se retrouve avec les deux nenettes polonaises qui commencent a etre raclees.

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     "Acclimate, je marchait presque normalement et devait attendre les filles regulierement. Le lever de soleil etait vraiment magnifique mais le vent s'est alors leve. Malgre mes quatre epaisseurs et ma doudoune, je n'avais pas si chaud et chaque pause me glacait. Mais elles me faisaient confiance et c'etait trop tard pour filer seul. Coince. 5200m, Evelyna et Carolina tombaient de plus en plus, trebuchaient et etaient a bout de souffle. Un passage de glace particulierement peu evident leur a donne la frousse. Le temps commencait a se couvrir et je voulais filer au sommet vant qu'il ne soit trop tard. Mais les polonaises me retardaient et bientot, ce fut du vent, de la neige et un brouillard a couper au couteau. Le froid me mordait le nez. Les fumerolles de souffre me rappellaient que je grimpait un volcan. Aucun moyen de trouver un itineraire correct dans cette puree de pois. Les polonaises n'en pouvaient plus. Il ne manquait plus que 300m pour atteindre le point culminant et crier la victoire. Il faisait de plus en plus froid. Partir seul, abandonner les filles pour une descente peu evidente? J'avais fait des promesses de prudence. Nous avons decide de rebrousser chemin. J'etais heureux d'etre arrive a 5400 mais bien frustre aussi."

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     Vidian desescaladera le volcan jusqu'au camp de base, avalera un bout de pain et du fromage et partira avec un choco dans le bec pour redescendre en 1h les 1000 metres de denivele le separant de la mosquee, puis 2h de plus pour atteindre finalement la route de Teheran. Un routier le prendra dans son camion-benne et lui offrira meme un jus de fruit avant de le deposer dans la banlieue de Teheran...Des souvenirs plein la tete et des bornes dans les jambes, il retrouvera avec bonheur le confort de l'appartement de Kianouch et les pizzas du coin!!

    En route vers l'Occident. Voila presque une semaine que nous avons reserve notre billet de train. Quelle anticipation! Charges comme des Fistons (!), avec les "craquages" d'Armelle pour toutes sortes de tapis et malles en tissu ("mais si mais si, je te promets que c'est moi qui les porterai, allez ca vaut le coup!"), nous debarquons a la gare de Teheran. Alors qu'Armelle se fait tenir la jambe par une jeune femme iranienne, une vraie, Vidian part explorer la gare a la recherche d'un telephone, pour que la radio francaise puisse nous contacter dans 1h. Pegah explique a Armelle comment s'appliquer les 5 tonnes de maquillage quotidiennes, et ou aller pour se faire refaire le nez et gonfler les levres. Et aussi comment trouver un petit copain qui soit capable de faire chauffer la carte bleue a tout moment. Seule petit pouvoir des femmes en Iran: exiger un mari qui leur permette de vivre tres confortablement. C'est elle qui decide, a la maison. Alors, au temps des petits copains, elles les testent. Vidian a trouve un telephone, on a rendez-vous dans 30 minutes, derriere un guichet...Les 5 minutes de conversation telephonique passent vite, avec en bruit de fond le haut-parleur de la gare...Il ne nous reste plus que 15 minutes pour attraper le TransAsia Express, destination Istanbul!

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     Nous retrouvons dans le train Amelie et Stephane, rencontres il y a quelques jours pres de Persepolis. Des jeun's comme on les aime, qui savent profiter de l'instant present, qui voyagent aussi tres "cheap", un tres beau couple en plus, et surtout des amateurs de coinche et de bieres au soleil sur les terrasses. Bref, des amis.
     Istanbul, on y sera dans...66 heures. Avec le retard, ca fera du...72 heures. Mais entre temps il faudra: passer au petit matin la frontiere iranienne apres un checking complet de notre compartiment, jouer au foot avec des fous, attendre 3 heures le tampon de sortie et surveiller son passeport (laisse au guichet) parmi les 100 autres redistribues a la criee dans la petite gare. Puis, quelques kilometres plus loin...LES FILLES PEUVENT ENLEVER LEUR VOILE!!!! NOUS SOMMES EN TURQUIE! Les Iraniennes, dont on nous avait dit qu'elles retireraient victorieusement leurs fichus des la frontiere passee, sont en fait assez timides...et aux douanes turques, Amelie et Armelle seules ont ose...Et se sentent un peu observees!

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    Puis, passage du lac de Van, en Turquie. Non, non le train ne contourne pas l'etendue d'eau. A quoi bon? Il suffit de monter sur un ferry et traverser, pour recuperer le train turc de l'autre cote! Avec le retard, nous sommes reveilles a 1h du mat' pour monter dans le bateau, surchauffe. Dormir comme on peut sur des sieges inegaux, et redescendre 5h plus tard pour decouvrir un train turc bien moins classe que le precedent. Couleurs froides, pas d'eau fraiche dans les compartiments, pas de tapis par terre. Et pas de toilettes turques, le comble! Nous approchons de l'Occident, c'est sur.

     Dans le wagon restaurant, ou nous passons la plupart du temps en faisant semblant de siroter du the, nous faisons connaissance avec nos compagnons de voyage iraniens. Un bande de gars, la trentaine, qui aiment rire et chanter. Surtout Akbar, champion de boxe ultra-baraque, qui nous fait mourir de rire a imiter une femme se maquiller. Mais en creusant un peu...ce sont des immigres clandestins. Quelle tristesse. Nous les faisons parler, un gros noeud dans le ventre. Ils parlent a peine anglais, mais sur leur petit lexique gribouille est marque: "Your country is my dream". Passage de la Turquie a la Grece se fera par la nage, ou caches dans des containers, ou sous une voiture. Puis, rejoindre Paris et y racheter un passeport. Et enfin, Londres, ou la famille devrait les accueillir. Mais chaque passage de douane, organise pour eux par des passeurs, est un vrai racket. 9000 euros au total. Un sacre pactole en cash qu'ils gardent precieusement au fond de leur poche. Pas de bagages. A quoi bon, s'il faut nager?

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     Mais ca fait quoi d'etre chauffeur de train? Bein...on va demander! Et meme...tester! Pendant 3 heures, avant d'arriver a Istanbul, Vidian se fait de nouveau copains, et reste dans la loco a siroter des thes. Dans la vie, il faut oser!

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     Istanbul, que tu es belle! Arrivee incroyablement plus facile que nous l'imaginions...Sans Lonely Planet (guide), nous ne savons ou aller pour trouver un hotel pas cher dans cette ville immense, ou les prix ont tout d'un coup depasse notre budget quotidien jusque-la. Nous nous laissons guider par le destin, prenons un bateau pour traverser le Bosphore et ainsi quitter definitivement le continent asiatique pour l'europeen (arghh!), et aterrissons une guest house a 23h, qui nous autorise a dormir par couples dans des lits simples de dortoir...gigantesque economie!
    La suite, vous la saurez bientot. Laissez-nous juste le temps de provoquer quelques anecdotes!

    Bientot de retour...ca se voit sur la carte...et dans la rue! Et que les bieres sont bonnes sur les terrasses...

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    Armelle et Vidian

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